Youri Khachatourov est libre de quitter l’Arménie

Dans un geste visant sans doute à démorcer les tensions provoquées dans les relations avec la Russie par l’arrestation de Yuri Khachaturov, le secrétaire général de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par la Russie dont l’Arménie est membre, les autorités judiciaires arméniennes ont fait savoir jeudi 2 août qu’il était libre de quitter l’Arménie. La justice arménienne accuse le général arménien d’avoir été en partie responsable de la repression post-électorale de mars 2008, orchestrée par l’ancien président Robert Kotcharian, désigné comme le principal responsable de ce qu’elle appelle sinon un coup d’Etat, en tout cas une violation de l’ordre constitutionnel. Si Robert Kotcharian, après avoir été entendu par les enquêteurs, a été emprisonné au prix de vives tensions en Arménie et d’une crise larvée avec la Russie, Y. Khachaturov avait été remis en liberté contre caution.
L’autre personnalité impliquée dans cette affaire politico-judiciaire, le ministre de la défense de l’époque Harioutiounian, a préféré pour sa part se soustraire à la justice et a fui l’Arménie. La décision du Service spécial d’investigation (SIS) en charge de l’enquête, dont la nouvelle direction avait été nommée juste après l’accession au pouvoir de N. Pachinian, intervient au lendemain des vives critiques lancées par la Russie à l’encontre de son allié arménien. Moscou a estimé que les mesures prises par la justice arménienne contre d’anciens responsables politiques et militaires arméniens étaient politiquement motives et contervenaient aux engagements pris par N. Pachinian. C’est le 27 juillet que le SIS avait demandé à un tribunal de Erevan l’autorisation de procéder à l’arrestation de R. Kotcharian et de Y.Khachaturov, maintenant le premier en détention jusqu’à son procès, le secon étant libéré sous caution. Ces deux décisions de justice séparées avaient été prises quelques heures après un entretien téléphonique entre le ministre russe des affaires étrangères Serguey Lavrov et son homologue arménien Zohrab Mnatsakanian. Un entretien sans doute houleux car le 1er août, S.Lavrov a dénoncé publiquement les poursuites engagées contre les anciens responsables arméniens, les jugeant politiquement motivées. Un peu avant, l’avocat de Y. Khachaturov, Mihran Poghosian, avait indiqué à l’agence de presse russe RIA Novosti qu’il avait demandé au SIS de permettre au général arménien à la retraite de quitter le pays, en faisant valoir que son client était toujours officiellement à la tête d’une organisation internationale et devait être en mesure de remplir ses obligations induites par sa fonction, dont il n’est théoriquement pas démis, la Russie n’ayant pas apprécié la façon « cavalière » avec laquelle Erevan aurait demandé à l’OTSC de lui trouver un remplaçant. “Il reviendra forcément si cela est nécessaire », a ajouté l’avocat cité jeudi 2 août par le service arménien de RFE/RL (Azatutyun.am). Un porte-parole du SIS a indiqué que l’organisme enquêtant sur la violente repression de mars 2008 n’opposait pas d’objection à ce jour à son départ. Y.Khachaturov avait été le chef d’état major des armées arméniennes de 2008 à 2016. La Russie, l’Arménie et les 4 autres Républiques ex-soviétiques composant l’OTSC l’avaient élu secrétaire général de l’alliance militaire en avril 2017. Le quotidien russe “Kommersant” a rapporté dans son édition du 2 août que Moscou était tout « particulièrement contrarié » par la procédure engagée contre Y. Khachaturov. “L’attitude de la partie arménienne porte un coup énorme à l’image de l’ensemble de l’organisation”, indiquait le journal russe, en citant une source ayant gardé l’anonymat au Kremlin, en ajoutant : “Curieusement, ils ne semblent pas l’avoir compris »… Le ministère arménien des affaires étrangères avait annoncé samedi 28 juillet qu’il avait demandé officiellement aux autres membres de l’OTSC d’“engager le processus de remplacement du secrétaire général”. Un haut responsable russe avait jugé le procédé “étonemment peu professionnel”. De son côté, le ministère russe des affaires étrangères avait indiqué que Erevan devait tout d’abord “rappeler” en bonne et due forme Khachaturov avant de demander aux autres Etats de l’OTSC de le remplacer. Selon “Kommersant”, dans ce cas, Moscou pourrait bien s’opposer à la nomination d’un autre Arménien au poste de secrétaire général de l’Alliance, qui semblait acquise pour Erevan, qui affirme avoir agi conformément aux statuts de l’OTSC. Le prochain sommet de l’OTCS doit se tenir en novembre.

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