Pachinian sermonne un ministre qu’il avait nommé la veille

A peine nommé par Nikol Pachinian dans le cadre de la valse des ministres et hauts fonctionnaires opérée au sommet du gouvernement arménien, l’un des nouveaux venus dans le gouvernement a essuyé les foudres du premier ministre. Nikol Pachinian a ainsi sévèrement critiqué jeudi 21 novembre l’ancien gouverneur de province qu’il avait nommé la veille au poste de ministre de l’ administration territoriale et des infrastructures. Son prédécesseur à ce poste, Gnel Sanosian, figurait au nombre des six hauts responsables que Pachinian avaient poussé en début de semaine à une démission qui a pris de court le monde politique. Il a été remplacé par un fonctionnaire âgé de 33 ans, Davit Khudatian, qui dirigeait depuis janvier la province méridionale d’Armavir. Lors de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres à Erevan, Khudatian a reconnu qu’une crèche nouvellement construite dans un village d’Armavir n’avait pas ouvert ses portes comme prévu en octobre, et ce malgré les engagements pris en ce sens lors de la visite effectuée par Pashinian dans la région en début d’année. Il a mis ce retard sur le compte de problèmes de livraison de gaz dans le nouvel établissement scolaire. Manifestement contrarié, Pachinian a balayé du revers de la main ces explications, en déplorant que Khudatian et d’autres responsables lui aient menti à plusieurs reprises concernant l’achèvement de différents projets d’infrastructures financés par le gouvernement arménien. “Devant les caméras, j’ai dit quand [la crèche] serait ouverte, et les gens du village l’ont vu, n’est-ce pas ?” a indiqué le premier ministre en ajoutant : “Vous avez dit en octobre et j’ai écrit [sur les réseaux sociaux] que la crèche ouvrirait ses portes en octobre. Ai-je menti alors ? Assurément”. “J’avertis maintenant qu’à partir d’aujourd’hui, si un délai [promis] n’est pas respecté, des responsabilités personnelles concrètes seront prises en compte … Nul ne peut se permettre d’avancer des délais, ni aucune donnée qui n’aient été au préalable vérifiés”, a mis en garde le dirigeant arménien. Pachinian avait exprimé des doléances similaires lors de la précédente réunion du conseil des ministres, une semaine auparavant. Dans une critique à peine voilée de Sanosian, il avait déclaré que les utilisateurs de réseaux sociaux avaient récusé son annonce selon laquelle une autoroute conduisant de Armavir à Gumri avait été reconstruite. Sanosian avait démissionné quatre jours après en même temps que le ministre de l’intérieur Vahe Ghazarian et les chefs du service des taxes et des douanes d’Arménie, de deux organismes chargés de l’application de la loi et d’une instance supervisant les tribunaux. Les leaders de l’opposition et d’autres détracteurs du pouvoir ont ironisé sur ces démissions qu’ils ont mises sur le compte des efforts de Pachinian d’inverser la courbe d’une popularité déclinante dans la perspective de nouvelles élections qu’ils le suspectent de vouloir convoquer. Jeudi toujours, mais un peu plus tôt, Pachinian avait salué la gestion par Sanosian de la construction de cet axe routier et d’autres projets d’infrastructures alors qu’il présentait son remplaçant Khudatian aux responsables du ministère de l’administration territoriale et des infrastructures. Il avait alors déclaré que Sanosian, dont les media devaient suspecter la corruption dans la mise en œuvre de ces projets, allait désormais se concentrer sur “le travail politique et organisationnel” au sein de son parti Contrat civil au pouvoir.

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