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Méliné Ristiguian : « Aznavour mériterait qu’on étudie ses textes à l’école »
Aujourd’hui sort en kiosques un numéro spécial de Paris Match consacré à Charles Aznavour. 50 pages pour revenir sur sa vie, son oeuvre, et s’entretenir avec ceux qui le connaissaient le mieux. La journaliste Méliné Ristiguian a, pour l’occasion, recueilli le ressenti d’Alain Terzian. Elle reste personnellement marquée par sa rencontre avec Charles Aznavour, le 24 avril 2015 au Mémorial du génocide.
Nouvelles d’Arménie Magazine : Comment s’est passé l’entretien avec Alain Terzian ?
Méliné Ristiguian : Il était très ému. Il n’y a qu’à voir son bureau, avec en arrivant une affiche d’Aznavour signée. Sa famille était très proche des Aznavourian : sa grand-mère et la mère d’Aznavour, c’étaient comme des soeurs de coeur. Les deux ont donc assisté aux mêmes réunions familiales, été dans les mêmes cérémonies.
NAM : Vous étiez d’ailleurs vous-même à leur côté, le 24 avril 2015, à la cérémonie à Erevan pour le centenaire du génocide des Arméniens. Ce fut l’occasion de votre première rencontre avec Charles Aznavour.
M. R. : Oui, cette cérémonie reste un moment inoubliable. Lui qui laissait si peu transparaître ses émotions hors de la scène, on le sentait là vraiment ému, au bord des larmes.
Puisque nous étions tous les deux en Arménie, je tenais absolument à avoir une interview posée avec lui, et non à la volée comme tous les autres journalistes. J’ai harcelé l’attaché de presse pour ça, et j’ai été faire le pied de grue dès 7h à son hôtel ! Charles Aznavour a fini par m’inviter à sa table, en toute simplicité, en toute gentillesse. J’ai été impressionnée par son implication dans la cause, et ce malgré son âge.
NAM : Que représentait-il pour vous ?
M. R. : Bien sûr qu’il a eu une carrière magnifique, bien sûr que c’était un amoureux des mots – je pense d’ailleurs qu’à termes, il mériterait qu’on étudie ses textes à l’école – qu’il avait une poésie, une gestuel, une incarnation de ses chansons sublimes mais, au-delà de tout ça, je retiens avant tout son implication pour la cause arménienne. C’était notre étendard, notre porte-parole, le patriarche de toute une nation, le précurseur. Oui je suis triste à titre personnel – c’est comme si je perdais un grand-père tellement ses chansons nous ont accompagné à chaque moment de notre vie – mais je suis surtout triste pour ma communauté. Car ses chansons continueront à m’accompagner, mais la communauté n’aura jamais plus un tel porte-parole, il est irremplaçable. On a même jamais autant parlé du génocide que depuis sa mort : même décédé, il continue à porter ce combat !
NAM : Et quelle chanson a votre préférence parmi toutes celles de son répertoire ?
M. R. : Comme ils disent. Car il a osé évoqué l’homosexualité à une époque où on en parlait pas du tout. Au-delà de la communauté arménienne, il défendait en fait toutes les communautés opprimées.
Propos recueillis par Claire Barbuti