Le gouvernement arménien va couper dans les aides au logement de la plupart des réfugiés du Karabagh

Les autorités arméniennes ont dit en de maintes occasions que la question du retour dans le Haut Karabakh de ses habitants arméniens qui l’ont fui fin septembre 2023 sous la pression des armes de Bakou pour se réfugier en Arménie n’était pas à leur agenda, car irréaliste, mais dans le même temps, elles distillent avec parcimonie, voire réticence, leurs aides à ces quelque 100 000 réfugiés en quête de statut, voire de patrie. Ainsi, le gouvernement arménien a annoncé jeudi 21 novembre qu’il allait cesser de verser des aides au logement à de nombreux réfugiés du Nagorno-Karabakh et les réduire de manière drastique pour les autres dès l’an prochain. Depuis novembre 2023, le gouvernement octroie à chaque réfugié, qui n’est pas déjà détenteur d’un logement ou qui ne réside pas dans l’un des foyers mis à leur disposition par le gouvernement en Arménie, une allocation mensuelle de 50 000 drams (125$) destinée au règlement du loyer et autres dépenses courantes. Ce programme d’aide a concerné la grande majorité des quelque 105 000 Arméniens du Karabakh qui avaient fui leurs foyers et leur terre ancestrale dont l’armée de l’Azerbaïdjan avait repris le contrôle à la faveur de sa massive offensive des 19 et 20 septembre 2023. Mais les réfugiés du Karabakh se trouvaient confrontés à un problème majeur : la carence en logements susceptibles d’être mis à leur disposition. Lors de la réunion hebdomadaire du conseil des ministres jeudi à Erevan, le gouvernement a approuvé une proposition du ministère du travail et des affaires sociales relative à l’abandon de ce programme de logement en 2025. Il précisait qu’à partir d’avril, l’aide financière ne serait fournie qu’aux enfants, aux étudiants des collèges ou universités, ainsi qu’aux retraités et aux personnes handicapées contraintes de fuir le Karabakh. Le ministère a estimé à quelque 54 000 le nombre total des réfugiés appartenant à ces catégories. L’allocation qui leur est versée mensuellement serait coupée à 40 000 drams en avril et réduite à 30 000 drams en juillet. Le premier ministre Nikol Pachinian a indiqué que son gouvernement entendait ainsi encourager les Arméniens du Karabakh « en âge de travailler » à “commencer à penser aux moyens de subvenir aux besoins de leurs familles par le fruit de leur propre travail” : en d’autres termes, Pachinian voudrait inciter ces gens qui ont tout laissé derrière eux à renoncer à leur statut d’assistés, qui serait prétendument confortable, ce dont on peut douter, au regard des aides qui leur sont versées. Selon le ministre du travail Narek Mkrtchian, plus de 25 000 d’entre eux ont déjà un travail ou leur propre entreprise ou affaire en Arménie. Ce sont eux principalement qui seront exclus du programme d’aides, a-t-il déclaré devant les autres membres du gouvernement lors de la réunion présidée par Pachinian. Nombre de ces réfugiés se plaignent de ce qu’ils ne gagnent pas assez d’argent pour louer les appartements les plus modestes à Erevan ou dans ses faubourgs qui offrent des opportunités de travail plus importantes que dans les autres régions du pays mais où les prix de l’immobilier ont explosé ces dernières années. Selon les arguments développés par Mkrtchian, une autre raison de cette coupe dans l’aide financière aux réfugiés tient dans le programme de logement sur cinq ans lancé par le gouvernement en juin. Il proposerait une assistance financière aux Arméniens du Karabakh désireux d’acheter ou de construire de nouvelles maisons dans des zones principalement rurales. Chacun d’entre eux, y compris les enfants, serait éligible à des crédits du gouvernement de 2 millions à 5 millions de drams (5 000 $-13 000 $) qui ne pourront être utilisés qu’à des fins de logements. Le programme ne semble guère avoir suscité l’enthousiasme des réfugiés. Nombre d’entre eux estiment que les sommes offertes par le gouvernement ne seraient pas suffisantes pour acheter ou construire des maisons, aussi modestes soient-elles. Les leaders en exil du Karabakh ont aussi sévèrement critiqué le programme, notamment Artak Beglarian, qui avait même accusé le gouvernement de Pachinian en mai dernier d’encourager les Arméniens du Karabakh à quitter l’Arménie.

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