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L’Arménie réagit à la mise en garde de la Russie
Hier, l’Arménie a de nouveau exclu un changement d’orientation de sa politique étrangère, répondant aux critiques de la Russie à l’égard des accusations sérieuses portées contre d’anciens hauts responsables arméniens.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré mardi que les affaires criminelles de haut niveau contredisaient les précédentes assurances du nouveau gouvernement arménien selon lesquelles il « ne comptait pas poursuivre ses prédécesseurs sur des motifs politiques ». « Ces derniers jours, nous avons transmis à la direction arménienne nos préoccupations », a-t-il ajouté, dans ce qui s’apparente à une critique contre Erevan exprimée publiquement par Moscou, ce qui est rare.
Lavrov a évoqué les poursuites engagées contre l’ancien président arménien Robert Kotcharian, l’ancien ministre de la Défense Mikael Harutiunian et l’ancien vice-ministre de la Défense Yuri Khachaturov, actuel secrétaire général de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC). Les trois hommes font face à des accusations de coup d’Etat suite aux troubles post-électoraux de mars 2008 à Erevan.
Un tribunal d’Erevan a demandé la détention de Kotcharian avant son procès, mais a accordé la remise en liberté sous caution à Khachaturov le 27 juillet. Harutiunian aurait, quant à lui, fui l’Arménie récemment.
Réagissant aux déclarations critiques de Moscou, le porte-parole du ministère arménien des Affaires étrangères, Tigran Balayan, a affirmé que les procédures pénales s’inscrivaient dans les efforts du nouveau gouvernement pour établir l’état de droit et combattre la corruption. « Nous surveillons les réactions internationales aux processus intérieurs en cours en Arménie, liés à l’établissement d’un Etat de droit et d’une justice indépendante et à la lutte contre la corruption », a déclaré Tigran Balaïan, dans un communiqué envoyé à l’agence de presse Arminfo. Mais ces processus « ne devraient pas être mal interprétés » et n’ont aucun lien avec la politique étrangère de l’Arménie » qui vise à renforcer les relations russo-arméniennes.
« A cet égard, nous réaffirmons nos priorités de politique étrangère qui visent à renforcer davantage les relations alliées russo-arméniennes et à accroître l’efficacité de la coopération dans les cadres de l’OTSC et de l’Union économique eurasienne », a ajouté Balayan.
Dans une référence claire à Khachaturov, Lavrov a déclaré qu’Erevan mettait en péril «le travail normal» des alliances supervisées par les Russes des anciens États soviétiques.
Peu de temps avant, le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié de « non professionnelle » une proposition arménienne faite à l’OTSC visant à remplacer Khatchaturov par un autre fonctionnaire, vraisemblablement arménien.
Les analystes politiques pro-occidentaux à Erevan ont dénoncé la réaction russe, accusant Moscou d’interférer dans les affaires intérieures de l’Arménie.
« Malheureusement, la Russie commet une grave erreur non seulement en alléguant des poursuites politiquement motivées en Arménie mais aussi en émettant un avis sur ce que les autorités arméniennes devraient faire », a regretté l’un d’eux, Stepan Safarian.
Un autre analyste, Stepan Grigorian, a déclaré que le Kremlin estime que l’influence russe en Arménie est en déclin suite à la récente vague de protestations de masse qui a fait tomber le précédent gouvernement du pays. « Je pense que la Russie a eu tort de réagir », analyse-t-il. « C’est de l’interférence, c’est de la pression sur nos tribunaux et les organismes d’application de la loi. »