L’ancienne de Charlie Hebdo Valérie Manteau dans le Sillon de Hrant Dink

par

©armenews.com

© Sigolène Vinson/Le Tripode.

Dans son premier ouvrage, Valérie Manteau se confrontait à un sujet impossible à écrire : le souvenir de ses confrères de Charlie Hebdo. Pour son second roman, Le Sillon, elle se penche sur un autre destin funeste, celui de Hrant Dink.

Ce livre à paraître le 30 août aux éditions Le Tripode est un récit d’une femme, partie rejoindre son amant à Istanbul. Alors que la ville se défait au rythme de ses contradictions et de la violence d’Etat, d’aucuns luttent encore pour leur liberté. Elle-même découvre, au fil de ses errances, l’histoire de Hrant Dink, journaliste arménien de Turquie assassiné pour avoir défendu un idéal de paix.

« Le côté miroir joue d’abord et surtout au niveau politique, historique, il me semble évident qu’il y a une grande similarité (avec mille décalages bien sûr) entre la Turquie et la France, confie l’auteure. Le côté capitale d’Empire orpheline, le nationalisme, la mélancolie de n’être plus le centre du monde, et une forme d’insouciance perdue ces dernières années par la violence des attentats. »

Continuant sur le pourquoi l’histoire de Hrant Dink l’a particulièrement intéressée : « Un autre miroir m’a donné du grain à moudre, c’est l’assassinat en janvier 2007 du journaliste d’origine arménienne Hrant Dink, en pleine rue à Istanbul, qui a immensément choqué et divisé la société truque, entre ceux qui sont sortis manifester le 23 janvier aux cris de « Nous sommes tous arméniens », et les autres. » Histoire qui l’a touchée lorsqu’elle l’a découverte, juste après les attentats de Charlie Hebdo, hebdomadaire satirique pour lequel elle a travaillé de 2008 à 2013. « La France, avec son nombrilisme habituel, avait l’impression d’inaugurer l’ère des attentats et d’être en première ligne de ce qui allait arriver au reste du monde, explique Valérie Manteau. Il m’a semblé que la Turquie avait 10 ans d’avance, et que nous devrions vite comprendre cette histoire parce que c’était la nôtre. »

Et pourquoi décider de faire un livre de l’histoire de cet écrivain ? Car, confie-t-elle, « le souvenir de Hrant incarne un point de rassemblement pour tous les militants des droits de l’homme en Turquie ; voire pour tous les démocrates. C’est un deuil commun que j’ai en quelque sorte endossé. »

Le résultat : une immersion dans le passé et le présent d’Istanbul, sur les traces du journaliste Hrant Dink, qui mêle intime d’une histoire d’amour qui s’effiloche et Histoire universelle.

le-sillon.jpg

Le Sillon , de Valérie Manteau, 280 pages, 17 €, éditions Le Tripode, parution le 30 août 2018.

Claire Barbuti

Nos lecteurs ont lus aussi