Gyumri toujours dans l’incertitude

La deuxième ville d’Arménie, Gyumri, est restée sans administration municipale pendant près d’un mois, le gouvernement central n’ayant toujours pas précisé, vendredi après-midi, s’il allait y organiser des élections anticipées dans les semaines à venir.
On s’attendait généralement à ce que ces élections aient lieu à la fin du mois de décembre ou dans la première moitié du mois de janvier, à la suite de la répression exercée par le gouvernement à l’encontre d’un homme d’affaires dont le bloc dirigeait la ville de Gyumri jusqu’au mois dernier.
L’homme d’affaires, Samvel Balasanian, a été accusé à la mi-octobre d’avoir privatisé illégalement des terrains municipaux en 2014. Le maire de Gyumri, Vardges Samsonian, ses adjoints et les autres membres du bloc Balasanian siégeant au conseil municipal ont réagi en démissionnant dans les jours qui ont suivi.
Le parti du Premier ministre Nikol Pashinian, le Contrat civil, a rapidement commencé à se préparer pour le vote éclair, désignant officieusement le chef de sa section de Gyumri, Karen Sarukhanian, comme son candidat à la mairie. Toutefois, ses hauts représentants ont indiqué la semaine dernière que l’élection pourrait être reportée.
M. Pashinian et son entourage auraient des doutes quant à la nomination de Mme Sarukhanian et à sa capacité à remporter l’élection. Le candidat présumé à la mairie s’est retrouvé dans l’eau chaude il y a deux semaines, après qu’un de ses cousins et un autre militant du contrat civil à Gyumri ont été arrêtés par la police, soupçonnés de possession et d’abus de drogues.
Selon les journaux, lors d’une réunion du conseil d’administration du parti au pouvoir le 12 novembre, M. Pashinian a ordonné à M. Sarukhanian de se soumettre à un test de dépistage de drogues afin de prouver qu’il n’utilisait pas de substances interdites. Le test s’est révélé positif, selon eux.
M. Sarukhanian n’a pas explicitement démenti ces informations. Sur Facebook, jeudi, il a dénoncé les « fausses informations diffusées à mon sujet », sans donner plus de détails. Il a ajouté qu’il « répondrait à ceux qui ont l’intention de me discréditer demain soir ». Il n’a pas répondu aux appels téléphoniques du service arménien de RFE/RL vendredi.
Le parti de M. Pashinian a fait part la semaine dernière de son intention de retarder l’élection du nouveau conseil municipal de Gyumri, habilité à élire le maire. L’un de ses vice-présidents, Vahagn Aleksanian, a déclaré que le scrutin ne pouvait avoir lieu en l’absence d’un chef élu ou intérimaire de la communauté locale. Il a déclaré que le contrat civil avait donc l’intention d’adopter des amendements juridiques qui permettraient au gouvernement de nommer un maire intérimaire. L’équipe politique de M. Pashinian n’a pas fait d’autres déclarations sur la question depuis lors.
Les groupes d’opposition locaux ont exprimé leur inquiétude quant à l’éventualité d’un report des élections, affirmant que le parti au pouvoir ne doit pas prendre le contrôle de l’administration municipale sans élections. Ils souhaitent que le vote anticipé ait lieu le plus tôt possible.

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