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FRA et Mairie d’Erevan : le point politique de Pachinian au Tavouche
Lors de sa visite dans la région du Tavouche, Nikol Pachinian a fait plusieurs déclarations importantes sur les échéances politiques à venir. Évoquant des élections municipales à Erevan, le Premier ministre a déclaré que, quelles que soient les alliances qu’il pourrait noué avec ses partenaires traditionnels de Yelk ou d’autres, il reviendrait à son parti de nommer le candidat commun. Une proposition qui n’aurait pas rencontré l’adhésion pleine et entière de ses associés de Yelk.
Autre sujet épineux : la position du parti Dachnak et ses dénonciations de l’arrestation de Robert Kocharian qui porterait selon lui en germe des risques de « justice sélective » et de « persécution politique ».
Nikol Pachinian a déclaré que chacun assumait et assumera ses responsabilités, sans dire si cette position pourrait mettre en cause la participation de la FRA à son gouvernement. Mais en laissant planer un doute.
Le dilemme de la FRA
Il apparait en tout état de cause que l’adhésion de cette organisation au nouveau régime n’est pas synonyme d’alignement, et qu’elle entend sur certains sujets faire valoir sa différence. L’histoire de ce parti a été marquée tout au long des 20 dernières années par une participation aux gouvernements précédents, émaillée toutefois par des critiques publiques récurrentes à leur endroit. Il n’en demeure pas moins qu’une partie de l’appareil dachnak n’a pas rompu avec ce passé et observe les évolutions en cours avec une certaine suspicion.
Les réserves concernant l’incarcération de Kotcharian expriment ce malaise, en partie fondé sur de vieilles amitiés avec les tenants de l’ancien pouvoir. D’autant que Kotcharian est aussi le président qui avait fait libérer, dès sa prise de fonction, les prisonniers de la FRA condamnés sous le régime de Ter Petrossian.
Mais, au-delà des anciennes solidarités, le Dachnakstoutioun pose une question de fond plus embarrassante pour le pouvoir : celle de la légitimité de cette mise en détention provisoire, qualifiant dans un communiqué cette mesure d’exception d’extrêmement préoccupante, tant du point de vue du droit, que de l’équité, les fraudes électorales et l’utilisation de l’armée à des fins politiques n’ayant pas commencée avec le deuxième chef de l’Etat arménien.
On se souvient en effet que les chars étaient descendus dans les rues d’Erevan pour disperser des manifestants après le scrutin contesté de septembre 1996, au moment de la présidence de Lévon Ter Petrossian. Où finit la justice et où débute l’arbitraire ? demande en substance la FRA et d’autres, sans pour autant mener véritablement campagne sur ce thème. Pour l’instant.
Pachinian parviendra-t-il à gérer cette divergence et maintenir ce gouvernement de coalition autour duquel il a réussi à trouver une majorité dans un Parlement qui était jusque là dominé par le Parti Républicain ? Le Parti Dachnak, se confinera-t-il dans une certaine retenue sur cette question ?
C’est dans ce contexte quelque peu tendu, aggravé par l’incident avec la Russie qui avait dénoncé la semaine précédente « le manque de professionnalisme de la diplomatie arménienne », que Nikol Pachinian a appelé à un grand rassemblement populaire le 17 août, à l’occasion des cent jours de la révolution. Une façon sans doute d’essayer de conforter son autorité en s’appuyant sur sa légitimité populaire, à défaut de pouvoir se fier à ses alliances et de compter sur le soutien du cadre institutionnel issu de l’ancien régime et dont il reste constitutionnellement dépendant.