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Érevan dit avoir proposé le retrait des observateurs européens : vers une paix sous tension
Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a surpris en annonçant, lors d’une interview à la télévision publique, que son gouvernement avait proposé à Bakou de retirer les observateurs de l’Union européenne des zones frontalières déjà délimitées. Une déclaration qui, selon certains analystes, répond aux trois principales exigences formulées par l’Azerbaïdjan pour finaliser un traité de paix.
« Réglementons la frontière »
« Nous avons dit à l’Azerbaïdjan : réglementons les zones délimitées. Une fois la frontière fixée, il n’y a plus besoin d’un observateur neutre », a expliqué Pashinyan. Cette prise de position semble répondre à l’une des demandes clés de Bakou, irrité par la présence européenne qu’il juge intrusive et partisane.
D’après un centre d’analyse proche du gouvernement azerbaïdjanais, deux points de désaccord majeurs bloquent encore la signature de l’accord : le retrait des observateurs de l’UE et l’abandon des différends juridiques entre les deux pays. À cela s’ajoute une pomme de discorde plus symbolique : la Constitution arménienne, perçue par Bakou comme contenant des revendications territoriales implicites.
L’opposition accuse : un gouvernement en capitulation
Pour l’opposition arménienne, cette déclaration de Pashinyan est un signal inquiétant. Artur Khachatryan, député de la faction « Hayastan », voit dans cette interview un aveu de faiblesse. « Le gouvernement prépare l’opinion publique à accepter un accord dicté par l’Azerbaïdjan », accuse-t-il. Selon lui, le déploiement initial des observateurs européens s’est fait sur un mensonge. « Pashinyan prétendait que ces observateurs étaient nécessaires pour apaiser les craintes de l’Azerbaïdjan face à une éventuelle attaque conjointe de l’Arménie et de la Russie. Maintenant, il dit qu’ils ne sont plus utiles. »
Un jeu d’équilibre délicat
Certains analystes, comme le commentateur politique Hakob Badalyan, adoptent une lecture plus nuancée. Pour lui, le retrait des observateurs s’inscrit dans une stratégie de « realpolitik ». « Le déploiement des observateurs européens est un processus politique complexe, lié à des dynamiques internationales. Le fait que l’accord de paix ne soit pas encore signé montre qu’il reste des points de friction importants, et que l’Arménie ne cède pas à toutes les exigences azéries », explique-t-il.
Badalyan souligne néanmoins que l’équilibre des forces entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est clairement en faveur de Bakou. « Dans un contexte où la balance penche lourdement d’un côté, l’Arménie cherche à limiter les dégâts tout en évitant une confrontation directe », ajoute-t-il.
Un enjeu électoral ?
Pour l’opposition parlementaire, cette précipitation à trouver un accord pourrait avoir une autre explication : les élections. « Pashinyan a besoin d’un traité de paix pour se maintenir au pouvoir. Ce document est son billet pour les urnes », affirme un critique du Premier ministre. « Mais signer dans une position de faiblesse pourrait avoir des conséquences durables, bien au-delà de ses calculs électoraux. »
Un accord à portée de main ?
Dans le même entretien, Pashinyan a proposé de retirer les plaintes croisées devant les tribunaux internationaux si un accord était signé. Il a insisté sur le fait que son gouvernement avait fait tout son possible pour transformer ce traité de paix en réalité.
Mais cet optimisme affiché masque mal la réalité : entre tensions, accusations de l’opposition et déséquilibres géopolitiques, ce traité de paix reste un défi semé d’embûches. L’histoire jugera si cette démarche est une avancée vers la stabilité ou un pas en arrière pour l’Arménie.