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Erdogan défie l’Amérique au congrès de son parti
Ankara, 18 août 2018 (AFP) – Le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré
samedi que la Turquie ne se « livrerait pas » aux Etats-Unis, poursuivant son
bras de fer avec Washington qui a précipité l’effondrement de la livre turque
ces derniers jours.
« Nous ne nous livrerons pas à ceux qui se présentent comme notre partenaire
stratégique, alors qu’ils s’efforcent de faire de nous une cible stratégique »,
a lancé M. Erdogan lors d’un discours à Ankara.
« Certains croient pouvoir nous menacer avec l’économie, les sanctions, les
taux de change, les taux d’intérêt et l’inflation. Nous avons mis au jour vos
manigances et nous vous défions ».
Le président turc s’exprimait lors d’un congrès du Parti de la justice du
développement (AKP, islamo-conservateur) à l’issue duquel il a été reconduit à
sa tête avec l’ensemble des 1.380 votes exprimés, selon l’agence de presse
étatique Anadolu.
Ses déclarations surviennent alors que Washington et Ankara, alliés au sein
de l’Otan, traversent une crise diplomatique. Celle-ci est notamment liée au
cas d’un pasteur américain assigné à résidence en Turquie et dont les
Etats-Unis réclament la libération.
L’orage a éclaté lorsque Washington a imposé début août des sanctions
inédites contre deux ministres turcs. Ankara a répliqué et cette escalade des
tensions a provoqué l’effondrement de la livre turque la semaine dernière.
Après quelques jours d’accalmie, la livre turque, qui a perdu près de 40%
de sa valeur depuis le début de l’année, a replongé vendredi après que
Washington eut menacé de frapper Ankara avec de nouvelles sanctions.
Outre les tensions avec les Etats-Unis, la livre turque a été fragilisée
par la mainmise croissante du président turc sur l’économie et son refus,
selon les observateurs, d’autoriser la banque centrale à relever ses taux
d’intérêt.
Lors du congrès de l’AKP samedi, M. Erdogan a par ailleurs affirmé que la
Turquie allait « poursuivre et élargir » ses opérations militaires
transfrontalières.
Ankara a déployé depuis deux ans des militaires dans le nord de la Syrie
pour contrer l’expansion des Unités de protection du peuple (YPG), une milice
kurde soutenue par Washington contre les jihadistes.
L’armée turque a en outre multiplié ces derniers mois les frappes contre
les bases arrières du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le nord
de l’Irak. Ankara a annoncé mercredi avoir tué un cadre de cette organisation
dans la région de Sinjar (nord-ouest).