Emotion en Arménie après la mort d’Aznavour, le « fils du peuple »

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Erevan, 1 oct 2018 (AFP, par Mariam HARUTYUNYAN) – Alors que résonnent ses chansons, ils sont venus déposer des bougies autour de son étoile sur la place qui porte son nom: des centaines d’Arméniens se sont rassemblés lundi à Erevan pour pleurer le « fils du peuple », Charles Aznavour, décédé à 94 ans.

« C’est une nouvelle affreuse… C’est comme un vide énorme et soudain. Sa
musique, sa voix, résonnent sans cesse dans ma tête. C’est une perte énorme », a déclaré à l’AFP Rouzanna Arakelian, 46 ans.

« Toute ma jeunesse, mon premier amour, la première déception: tous les moments d’émotion dans ma vie se sont déroulés avec la musique d’Aznavour. J’écoutais ses chansons quand je voulais pleurer ou boire du vin et être romantique. Sa personne et ses yeux tristes vont me manquer », abonde Elena Aroutiounian, 62 ans.

Charles Aznavour, Charles Varenagh Aznavourian de son vrai nom, était l’un des représentant les plus symboliques de la diaspora arménienne, le pays de ses parents, avec lequel il a entretenu des liens étroits tout au long de sa vie.

Il était souvent qualifié de « grand fils du peuple arménien » par ses compatriotes du Caucase, la manifestation la plus tangible des liens entre Aznavour et l’Arménie restant le comité qu’il a fondé pour collecter des fonds après le terrible séisme qui a dévasté le nord de l’Arménie en décembre 1988.

Début 1989, il écrit la chanson « Pour toi Arménie », sur une musique de son
ami, le compositeur français d’origine arménienne Georges Garvarentz. Elle est enregistrée avec 90 artistes et se vendra à plus d’un million d’exemplaires, ce qui permettra de financer une fondation pour venir en aide aux sinistrés.

C’est cette chanson qui résonnait dans les rues des villes arméniennes et redonnait espoir aux victimes du séisme, racontent les habitants.

« Le plus français des Arméniens »

« Lorsqu’on entendait cette chanson, nous avions l’impression de ne pas être seuls avec notre chagrin dans ce monde immense. Grâce à Charles, le monde a découvert les Arméniens et notre voix a été entendue », se souvient Aram Danielian, 56 ans.

Le chanteur, né à Paris en 1924, se rendait souvent à Erevan le 24 avril pour honorer la mémoire des victimes du génocide arménien et nombre de ses compatriotes se souviennent de son interprétation d’ »Ave Maria » devant le feu éternel, tenant avec difficulté le micro dans ses mains, les larmes aux yeux.

« Je suis peut-être le plus français de tous les Arméniens du monde, mais je
suis fier de mon Arménie et je ne le cacherai jamais », disait Aznavour.

Charles Aznavour a été ambassadeur permanent de l’Arménie auprès de
l’Unesco et ambassadeur de l’Arménie en Suisse.

Des places, des théâtres, des musées en Arménie portent le nom de Charles
Aznavour, qui a été fait « Héros national » en 2004. Une statue a été érigée en son honneur dans la deuxième ville du pays, Gyumri.

Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a regretté une « perte énorme
pour le monde entier », saluant une personne « qui a pendant 80 ans émerveillé et réchauffé le coeur de dizaines, de centaines de millions de gens ».

Aznavour devait d’ailleurs chanter à Erevan lors du sommet de la
francophonie, prévu les 11 et 12 octobre, à l’invitation du président Emmanuel Macron.

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