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Climat ou propagande : la COP29, nouvelle scène de la discorde entre Bakou, Erevan et Paris
Dans une récente interview accordée à la télévision azerbaïdjanaise, Hikmet Hajiyev, conseiller du président Ilham Aliyev, n’a pas manqué d’attaquer l’Arménie et la France pour leur absence remarquée à la COP29, qui se déroule cette année à Bakou. Entre reproches acerbes et auto-congratulations, cette déclaration soulève des questions sur les véritables enjeux de cette conférence sur le climat, utilisée comme une entreprise d’écoblanchiment par la pétrodictature azerbaïdjanaise .
La rhétorique de Bakou : climat ou stratégie d’image ?
Hajiyev a d’abord tenu à souligner le succès apparent de la COP29 : « Le monde est en Azerbaïdjan aujourd’hui », a-t-il déclaré, mentionnant fièrement la présence de 75 000 participants ( et en oubliant l’absence de la plupart des chefs d’Etat et le tollé médiatique mondial contre cet événement). Mais derrière ce vernis diplomatique, la pique à l’adresse de l’Arménie ne tarde pas à surgir. Selon lui, l’absence arménienne témoignerait d’un désintérêt pour les enjeux climatiques, réduisant la posture d’Erevan à de la « faible propagande », alors que son éventuelle participation était conditionnée à la libération des otages arméniens. Comment parler de l’avenir du climat, à quelques centaine de mètres des lieux de détention et de torture des prisonniers de guerre arméniens et des opposants azerbaïdjanais ?
À ce discours se mêle un reproche à la France, accusée de bouder l’événement sous prétexte de critiques à son égard. Hajiyev qualifie la position française de « vexée », insinuant que Paris aurait politisé une conférence censée transcender les clivages nationaux pour traiter d’un enjeu global.
L’Arménie et la France : des absences politiques ou stratégiques ?
L’attaque contre l’Arménie est révélatrice d’une volonté azerbaïdjanaise de maintenir la pression sur son voisin après des mois de menaces, de pressions et de tensions exacerbées auxquelles s’ajoute l’occupation de 200km2 de son territoire. Bakou présente cette absence comme une preuve de l’isolement d’Erevan, ignorant que l’Arménie peut légitimement choisir de ne pas s’associer à une initiative organisée par un pays venant de commettre un nettoyage ethnique contre ses compatriotes…
Quant à la France, sa décision semble s’inscrire dans une logique de désapprobation plus large des politiques azerbaïdjanaises, notamment après le nettoyage des Arméniens du Haut-Karabagh. Loin d’une simple « susceptibilité », comme le suggère Hajiyev, Paris marque, avec le soutien de l’ensemble des forces politique de la République, une distance face à ce qu’elle considère comme une instrumentalisation des forums internationaux par Bakou.
Paul Nazarian