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Dans mon article de la semaine dernière, j’ai critiqué le gouvernement jordanien pour avoir cédé à la pression de l’Azerbaïdjan et retiré la nomination d’un documentaire sur l’Artsakh aux Oscars.
S’il est déjà regrettable qu’un pays hostile comme l’Azerbaïdjan empêche la nomination d’un film sur l’Artsakh, c’est bien pire lorsque l’Arménie elle-même refuse de présenter un film sur l’Artsakh aux Oscars !
L’Académie nationale arménienne du film vient de choisir de nommer pour les Oscars 2025 un film intitulé « Yasha et Leonid Brezhnev » au lieu de celui sur l’Artsakh intitulé « 1489 ». Même si je n’ai pas de preuve directe que cela a été fait à la demande du Premier ministre Nikol Pashinyan ou de son gouvernement, néanmoins, étant donné leurs positions anti-Artsakh, nous pouvons supposer sans risque que la décision a été prise à leur suggestion. Le ministère de l’éducation, de la culture et des sports de la République d’Arménie est le sponsor de « Yasha et Leonid Brejnev ».
A de nombreuses reprises, Pashinyan a confirmé sa position anti-Artsakh en commençant par sa capitulation sur le fait que l’Artsakh appartient à l’Azerbaïdjan. Étant donné que l’Artsakh a été occupé par l’Azerbaïdjan sous la surveillance de Pashinyan, ce dernier est extrêmement réticent à parler de son échec majeur et à rappeler à la population sa responsabilité personnelle dans l’absence de protection de l’Artsakh. C’est pourquoi il n’a pas fait référence au Haut-Karabagh en tant qu’Artsakh depuis la guerre de 2020. Il déclare que les réfugiés du Karabagh, qui ont fui vers l’Arménie après la prise de contrôle de l’Artsakh par l’Azerbaïdjan en septembre 2023, ne sont plus des citoyens arméniens, même s’ils possèdent des passeports de la République d’Arménie.
En outre, étant donné que M. Pashinyan tente désespérément de convaincre le président Ilham Aliyev de signer un traité de paix avec l’Arménie, il s’est abstenu de prendre des mesures qui, selon lui, contrarieraient l’Azerbaïdjan. Il a averti que si l’Arménie ne se plie pas aux exigences croissantes de l’Azerbaïdjan, Bakou attaquera à nouveau l’Arménie.
Wikipedia rapporte que « “Yasha and Leonid Brezhnev” est une tragicomédie absurde de 2024 écrite et réalisée par Edgar Baghdasaryan. Il met en scène Mais Sarkisyan, un Arménien à la retraite réticent à accepter la dissolution de l’Union soviétique, qui imagine des conversations avec l’ancien dirigeant soviétique Leonid Brejnev et d’autres dirigeants communistes ». M. Baghdasaryan est membre du conseil d’administration de l’Académie nationale arménienne du cinéma, qui a choisi ce film comme nomination officielle de l’Arménie aux Oscars. « 1489 » n’a reçu que deux voix sur les 30 membres du conseil de l’Académie nationale du cinéma arménien, ce qui a provoqué une vive controverse en Arménie.
« 1489 » est un film sur Soghomon Vardanyan, un étudiant et musicien de 21 ans qui a disparu pendant la guerre de l’Artsakh en 2020. Le numéro 1489 est attribué à un soldat disparu au combat. Le site web du festival du film documentaire Full Frame explique que la sœur de Soghomon, Shoghakat Vardanyan, réalisatrice du film, « documente ses parents et elle-même dans leur quête de réponses, interviewant des soldats qui ont survécu, s’accrochant désespérément à l’espoir, et leur chagrin lorsque l’espoir commence à s’évanouir ». À travers des moments crus et intimes, « 1489 » aborde le coût humain de la guerre à travers l’amour indéfectible d’une famille, sa quête de vérité et, finalement, son acceptation d’une vérité dévastatrice.
Le film a remporté le prix du meilleur film du Festival international du film d’Amsterdam (avec un prix en espèces de 15 000 euros), le prix FIPRESCI de la Fédération internationale des critiques de cinéma, le prix du meilleur film documentaire du Festival du film de Trieste, le prix du meilleur documentaire du Festival international du film documentaire de Buenos Aires, et plusieurs autres prix.
La communauté des documentaristes, photographes, écrivains et artistes arméniens « Œil pour œil » a demandé à l’Académie nationale arménienne du cinéma de revoir sa décision, affirmant que le film de Baghdasaryan (Yasha et Leonid Brejnev) « n’a pas fait l’objet d’expositions internationales et n’a pas été récompensé par des prix internationaux ». Selon eux, « une injustice a été commise dans le domaine du cinéma arménien et ce n’est pas le film de production arménienne le plus retentissant, le plus prestigieux et le plus fort qui représentera l’Arménie aux Oscars…. ». Le film de Vardanyan (« 1489 ») aurait pu être le premier film arménien à recevoir un Oscar ».
La secrétaire de l’Académie nationale arménienne du cinéma, Natalya Ghazanchyan, a répondu : « Les académiciens du cinéma ne tiennent pas compte de la liste des prix reçus par le film, mais sont guidés par ses mérites artistiques, sur la base de leur riche expérience dans l’industrie cinématographique. » Elle a précisé que le film de Yasha et Leonid Brejnev « avait remporté cinq des neuf prix possibles lors de la remise des prix Anahit de l’Académie du film [arménienne] ». Elle a ajouté que tout membre de l’Académie du film ayant un lien avec un film soumis n’était pas autorisé à participer au processus de vote », a rapporté oc-media.org.
Le public arménien devrait exprimer son indignation face à la décision de l’Académie du film arménien de sélectionner un film fantaisiste au lieu de celui qui dépeint une immense tragédie : la perte de l’Artsakh. Les Arméniens ne devraient accepter rien de moins que l’annulation de la décision erronée de l’Académie arménienne.
Il est très inquiétant que les autorités arméniennes, tout comme le gouvernement d’Azerbaïdjan, aient bloqué la présentation aux Oscars d’un film arménien de grande qualité sur l’Artsakh.
Harut Sassounian
TheCaliforniaCourier.com
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